AVRIL 1593.                                 3^3
En ce mois d'avril, les ministres, qui n'aprchendoient pas moins la conversion du Roy que les théologiens et prédicateurs de Paris, se trouvant fort bien unis et d'accord en ce point, allerent trouver le Roy, pour sonder Sa Majesté sur le grand bruit qui couroit par-tout^qu'il s'alloit faire catholique. Auxquels le Roy fist response qu'ils ne creussent rien de tout cela : ains qu'ils s'assurassent de lui pour ce regard, comme il leur avoit tousjours protesté, qu'il ne changeroit jamais sa reli­gion, d'autant que ce qu'il en avoit tousjours fait ct faisoit estoit par science et par conscience. v En ce mois courust à Paris la copie suivante d'une plaisante lettre escrite à M. d'O par 1S icolas (-), secre­taire du Roy, qui se disoit de l'Union, et toutefois n'estoit ni catholique ni politique ni seize, ains homme qui croiioit en Dieu seulement par benefice d'inven­taire. Au surplus fort bien venu et aime des grands, pour le plaisir qu'ils tiroient de ses facéties et rencontres fort à propos.
Leure de Nicolas à M. dxO.
« Monsieur, vos lettres m'ont apporté un grand con­tentement d'avoir veu que parmi les travaux, misères ct grandes affaires que vous avez, n'oubliez vos anciens serviteurs ; dont je suis trés joyeux, ct le serois davan­tage si librement je pouvois aller à Fresne parmi ces belles allées, en l'ombrage, dire cc que l'on a sur l'es-tomach, pour soulager le mal de rate. Ce sera quand il plaira à Dieu nous en faire la grace; et s'il y en a aucuns qui empeschent le bien et repos publicq, je les donne à autant de diables qu'il y a de poils d'herbes au
(O Par Nicolas : Simon Nicolai, l'un de* poêles Hu roi Charles n.
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